Emissions spéciales, documentaires, spectacles, captation du Tartuffe de Molière revisitée par le Théâtre National de Marseille… France Télévisions prévoit une programmation exceptionnelle pour célébrer, comme il se doit, les 400 ans de la naissance de Molière. Point d’orgue des célébrations, une adaptation unique de Tartuffe de Molière actuellement en tournée dans toute la France, mise en scène par la directrice de la Criée Macha Makeïeff. Le point sur le sujet avec Jean-Louis Sbeghen.
Les liens sociaux menacés par l’imposture et l’hypocrisie
Retour sur le Tartuffe de Molière, l’un des personnages les plus célèbres du théâtre. Un personnage qui ne rechigne pas à utiliser la religion, la dévotion, dans le but de tromper son petit monde et servir, in fine, son intérêt personnel. Orgon, le père de famille, est l’une de ses victimes favorites. Tartuffe se sert de lui, avec sa mère Madame Pernelle, deux personnes qui lui accordent leur totale confiance et lui témoignent de l’affection. Fidèle à sa réputation, Tartuffe comprend la situation et fait l’hypocrite. Il n’hésite pas à flatter, à séduire, allant jusqu’à semer la discorde dans les familles.
La directrice de La Criée, le Théâtre National de Marseille, Macha Makeïeff, est d’avis que le Tartuffe a tous les ingrédients d’un scénario de roman noir, notamment avec ses jeux d’apparences et ses faux-semblants. C’est précisément cela qu’elle avait envie de montrer à travers son adaptation, mise en scène aux couleurs des années 50. La metteure en scène a pris quelques libertés avec la pièce, sans pour autant vicier l’image d’imposteur et de vicieux que Molière conférait originellement à son personnage. Macha Makeïeff laisse en effet apparaître une dimension de séducteur naïf et gracieux à Tartuffe.
C’est avec cette idée en tête que la metteure en scène a choisi les comédiens, avec Xavier Gallais dans le rôle de Tartuffe. Orgon, pour sa part, est joué par Arthur Igual, qui alterne avec Vincent Winterhalter. Jeanne-Marie Lévy joue le rôle de Madame Pernelle et Hélène Bressiant celui d’Elmire.
Une adaptation aux couleurs des années 50
Adapter un grand classique du théâtre du 17e siècle aux couleurs des années 50, c’est ce qu’a fait Macha Makeïeff. Il faut dire que la pièce de Molière demeure très actuelle, malgré le fait qu’elle a été écrite il y a 4 siècles. Au final, les histoires de famille en crise, les adolescents perdus et l’emprise sur les autres restent des thématiques résolument inscrites dans la modernité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la metteure en scène a tenté de transmettre cette modernité à l’ambiance esthétique de la pièce.
Couleurs franches, marqueterie de paille, tissus colorés, mobilier d’époque… l’ambiance respire les années 50. Pour parfaire l’esthétique et le style, Macha Makeïeff s’inspire du décorateur d’intérieur Jean Royère. Si la metteure en scène a choisi précisément les années 50, c’est pour nous permettre, à nous spectateurs, de nous projeter plus facilement, mais sans nous comparer aux personnages de la pièce.
Leave a Reply