Après avoir longtemps vécue dans l’ombre de son père, Marine Le Pen est aujourd’hui seule maîtresse à bord du parti d’extrême droite « Le Rassemblement National », anciennement « Front National ». Un rebranding qui, vous l’aurez compris, ambitionne de changer la perception du public vis-à-vis du parti fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen. En 2022, Marine Le Pen a été l’un des deux candidats en lice dans la course à la présidence de la République. Retour sur sa vie et son parcours
Les débuts, puis l’ascension
Née le 5 août 1968 à Neuilly-sur-Seine, Marion Anne Perrine Le Pen est la plus jeune des enfants Le Pen. Tout le monde le sait, elle est la fille de Jean-Marie Le Pen, le très controversé homme politique français qui a fondé le parti Front National en 1972.
Les parents de Marine Le Pen divorcent lorsqu’elle avait 16 ans. L’événement la marquera car il est largement couvert par les médias. Marine Le Pen vit mal le fait que sa mère, Pierrette Lalanne, ait quitté son père après être tombée amoureuse d’un journaliste qui était venu l’interviewer.
La jeune femme fait le choix d’un cursus de droit. Après obtention de son diplôme, Marine Le Pen exerce en tant qu’avocate à la 23e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris.
En 1998, elle rejoint le service juridique du Front National. Cette transition sera déterminante pour la suite de sa carrière politique… En effet, c’est à ce moment que Marine Le Pen se découvre une vocation pour la politique, et décide donc de s’y investir pleinement. Elle brigue ainsi le siège de conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais.
Elle remet les couverts en 2004, cette fois au sein du conseil régional d’Île-de-France. Au gré de son évolution, la jeune femme accède à un plus haut niveau de responsabilité dans le parti de son père.
En même temps, Marine Le Pen intègre le Parlement européen en 2004. Sa carrière prend un nouvel élan trois ans plus tard, lorsqu’elle prend en charge la stratégie de campagne de son père aux élections présidentielles de 2007. Sans surprise, la décision de confier la direction stratégique d’une campagne aussi importante à la jeune femme fait des émules au sein du parti. Marine Le Pen damera le pion à ses contradicteurs en 2011, et prend officiellement la tête du parti fondé par Jean-Marie Le Pen. L’année suivante, elle se présente aux élections présidentielles, mais aussi à celles de 2017, où elle perd face à Emmanuel Macron, qui remporte plus de 66 % des suffrages, contre 21,3 % pour la candidate d’extrême droite.
Vie privée de Marine Le Pen : mari, enfants et famille Chauffroy
La vie privée de Marine Le Pen est peu médiatisée, un choix affirmé de la femme politique. La fille de Jean-Marie Le Pen a été mariée à deux reprises. En juin 1997, elle épouse Franck Chauffroy, un chef d’entreprise qu’elle a connu alors qu’il travaillait pour le parti. Leur mariage n’aura duré qu’un peu plus de 2 ans, leur divorce ayant été officialisé en 2000.
Marine Le Pen aura trois enfants avec Franck Chauffroy : Jehanne Chauffroy (1998), et Louis et Mathilde Chauffroy, deux jumeaux nés en 1999. En décembre 2002, Marine Le Pen se remarie avec l’ancien secrétaire national du Front National, Eric Lorio.
Le couple divorce en 2006. Toujours côté vie privée, la cheffe du parti d’extrême droite partage la vie du secrétaire général du FN, Louis Alliot.
Leur relation durera de 2009 à 2019, année à laquelle Louis Alliot annonce la séparation du couple lors d’une interview.
Marine Le Pen est également la tante de Marion Maréchal Le Pen qui, lors des présidentielles de 2022, est allée rejoindre Eric Zemmour et son parti nouvellement créé : Reconquête ! Le résultat sera catastrophique pour Eric Zemmour et Marion Maréchal Le Pen mais sera un plébiscite supplémentaire pour Marine Le Pen qui arrive, encore une fois, au second tour pour échouer finalement face à Emmanuel Macron.
La fille de son père ?
Depuis qu’elle a pris les rênes du parti, Marine Le Pen n’a cessé de tout faire pour prendre ses distances avec son père et les opinions qu’il défendait. Un père qui, rappelons-le, a été plusieurs fois condamné pour des propos jugés haineux. Marine Le Pen ira même plus loin, en excluant son père du parti en 2015, après que ce dernier ait défendu les propos qu’il a tenu en 1996, qualifiant les chambres à gaz nazies de simple détail dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. A l’époque, Marine Le Pen s’était sentie obligée d’exprimer publiquement son désaccord avec son père.
En 2018, elle a même rebaptisé le parti Rassemblement National, dans une nouvelle démarche visant à établir sa propre identité. Dans le même ordre d’idées, elle a changé, ou quelque peu adouci ses positions sur de nombreux sujets au cours des dernières années, notamment sur l’immigration ou encore l’avortement. Cela dit, ses positions politiques, et plus particulièrement en matière d’économie, sont toujours largement considérées comme très conservatrices.
Marine Le Pen quitte le RN
Avant de lancer sa campagne pour l’élection présidentielle, Marine Le Pen a annoncé qu’elle se retirerait de la présidence du Rassemblement National. Rappelons qu’elle est arrivée au second tour de l’élection, battue encore une fois par Emmanuel Macron, cette fois en remportant 41,5 % des voix, un résultat « historique » pour le parti d’extrême droite.
Marine Le Pen justifie sa décision de quitter définitivement la tête du RN en déclarant qu’elle souhaite, après avoir été élue députée, se concentrer sur la présidence du futur groupe du parti à l’Assemblée nationale : « Je ne reprendrai pas la tête du RN. Je me concentrerai sur la présidence de ce très grand groupe », avait-elle déclaré depuis son fief du Pas-de-Calais. « Très grand groupe », car le RN a désormais 89 députés, du jamais vu pour le parti. Marine Le Pen députée avait d’ailleurs déclaré à ce propos : « Nous espérons avoir un groupe et dans nos plus grands espoirs on espérait avoir 60 députés. C’est vrai qu’on a été surpris agréablement par la mobilisation de nos compatriotes et par ce souhait que l’immigration, que l’insécurité, que la lutte contre l’islamisme ne disparaît pas de l’Assemblée nationale ». Marine Le Pen sera vraisemblablement remplacée à la tête du parti par Jordan Bardella, qui avait d’ailleurs pris sa place par intérim lors de la campagne présidentielle.