Née le 2 juin 1951 à Toulouse, Maguy Marin est aujourd’hui largement reconnue comme étant l’une des figures centrales de la nouvelle danse française. Pour vous en convaincre, il suffit de dire qu’elle a eu, à ses tendres débuts, Yoann Bourgeois sous sa houlette… Fille de parents espagnols ayant fui le franquisme, elle crée, depuis les années 1970, des pièces de danse fortement connotées socialement, sans doute en raison de ses origines… Aujourd’hui âgée de 73 ans, Maguy Marin compte une quarantaine d’œuvres à son actif, dont plusieurs pièces commandées par des compagnies pour le moins prestigieuses (Ballet de l’Opéra de Lyon, Ballet de l’Opéra de Paris, Nederlands Dans Theater III…). Portrait !
Les débuts, les influences
Née et formée à la danse classique à Toulouse, Maguy Marin a fait ses premiers pas professionnels au Ballet de Strasbourg, avant de rejoindre, en 1970, la toute première promotion de l’école Mudra, fondée par Maurice Béjart à Bruxelles. Ce nouveau parcours scolaire a bouleversé sa vision de la danse et de la chorégraphie, en lui conférant une dimension totalement inédite. Après une collaboration éphémère avec le groupe de recherche théâtrale Chandra, Maguy Marin brille en tant que soliste au sein du Ballet du XXe siècle, dirigé par Béjart. C’est durant cette période qu’elle commence à créer ses propres œuvres, dévoilant ainsi une nouvelle facette de son talent.
Au début de sa carrière, l’une de ses créations, Nieblas de niño, remporte le premier prix du Concours international de Bagnolet en 1978. Dès lors, son style sort du lot par une intégration audacieuse d’éléments théâtraux non dansés. May B, sa pièce la plus emblématique, témoigne de son approche radicale et avant-gardiste. Elaborée en 1981 et jouée à plusieurs reprises sur scène, notamment au Canada, cette œuvre conserve une modernité et une pertinence saisissantes. Le thème du « vivre ensemble », qui est le fil rouge de son œuvre, y est déjà mis en lumière. Il est utile ici de signaler que, depuis 1987, la majorité de ses créations sont le fruit d’une collaboration étroite avec le compositeur Denis Mariotte. Ensemble, ils ont partagé la scène dans le duo « Ça quand même », œuvre coécrite qui illustre parfaitement leur entente artistique.
Encore aujourd’hui, Maguy Marin est connue pour intégrer des éléments de théâtre dans son travail, un peu à la manière de Yoann Bourgeois. Très tôt dans sa carrière, elle se démarque des autres chorégraphes par une esthétique forte de danse-théâtre, intégrant l’utilisation de la voix, des objets, du son et de la musique.
Un parcours artistique « haut » en récompenses
Vous en le savez peut-être pas, mais Maguy Marin est l’une des rares artistes non américaines à avoir reçu l’American Dance Festival Award, preuve s’il en est de l’influence considérable qu’elle a eue sur la scène de la danse mondiale. Et en 2008, la ville de New York lui décerne un Bessie Award pour son spectacle Umwelt, présenté au Joyce Theater, une récompense qui témoigne à nouveau de l’impact global de ses œuvres. Le temps des hommages sonnera en 2012, le Festival d’automne à Paris faisant honneur à son œuvre en proposant une rétrospective. A l’occasion, six de ses créations emblématiques sont programmées dans huit théâtres de la capitale et d’Île-de-France. Enfin, en juin 2016, la Biennale de Venise récompense l’ensemble de son parcours artistique en lui décernant un Lion d’or, une distinction prestigieuse qui confirme son statut de figure de proue de la danse contemporaine.