Luciano Giubbilei, paysagiste multi-récompensé, ne crée pas de simples jardins, mais des œuvres d’art en pleine nature. Depuis près de trente ans, il façonne chaque espace vert avec précision et créativité, transcendant ainsi son métier. Dans sa quête perpétuelle de connaissance, le paysagiste adopte une approche unique, qui en fait un artiste au service de la nature. Portrait !
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Quand la Toscane façonne un maître des jardins vivants
Luciano Giubbilei, avec son accent toscan chantant, porte en lui l’héritage de sa ville natale, Sienne, nichée au cœur de la magnifique campagne toscane. C’est là, au milieu de ces paysages parmi les plus époustouflants au monde, qu’il a développé sa passion pour le végétal. A l’adolescence, c’est en s’intéressant à la nourriture qu’il a découvert les jardins. A 15 ans, il a monté son propre potager, fasciné par la croissance des légumes. Et en parallèle, il dressait de belles tables à l’extérieur, une autre manière de connecter avec le temps et les gens. Ce qu’il aime le plus, c’était de créer des moments de partage, d’unir les proches autour de la nature.
De Londres à Great Dixter, l’art de se reconnecter à la nature
En 1994, Luciano Giubbilei quitte sa Toscane natale pour Londres, où il étudie le paysagisme à l’école de design Inchbald. Il y fonde rapidement son propre studio, mais cet environnement urbain n’est pas vraiment ce qui nourrit sa créativité. Dès qu’il le peut, il file à la campagne, loin du tumulte londonien. Son échappatoire favorite ? Great Dixter, un joyau situé à deux heures de route dans le Sussex de l’Est, abritant l’un des plus grands jardins d’Angleterre. « C’est toujours au contact direct de la nature que mes meilleures idées prennent vie », confie-t-il.
Pendant près de neuf ans, Giubbilei a fait de ce lieu une véritable résidence. Une période qu’il décrit comme un tournant majeur dans sa carrière. Sous la direction de Fergus Garrett, jardinier en chef, Great Dixter se révèle être un terrain de jeu fascinant pour le paysagiste : un espace vivant, en constante évolution, où chaque visite apportait son lot de découvertes. C’est là qu’il apprend la technique de l’auto-ensemencement, où les plantes s’invitent et s’épanouissent librement dans les allées, offrant une infinité de combinaisons. Ce cadre unique, loin du bruit et du stress, lui a permis de repenser son approche du métier, en privilégiant la patience et la connexion profonde avec la nature.
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Luciano Giubbilei, l’esthète qui laisse parler la nature
Luciano Giubbilei, paysagiste reconnu, travaille pour des clients privés et de grandes marques, tout en collaborant avec de nombreux artistes. De la Toscane à New York, en passant par le Maroc, ses créations l’ont mené aux quatre coins du monde. Fier ambassadeur de sa région natale, il est également salué par ses pairs, avec des distinctions prestigieuses comme celles du Chelsea Flower Show ou le prix du meilleur jardin résidentiel de la British Association of Landscape Industries. On peut également dire qu’il magnifie à notre avis le travail des paysagistes du monde entier, qu’ils soient en réseau ou indépendants, français, espagnols, italiens, américains, indiens, japonais, sans distinction d’origine ou de manière de travailler. Mr Giubbilei redonne ses lettres de noblesse au métier et est même devenu un influenceur reconnu avec un compte instagram relativement suivi et populaire.
Son véritable talent ? Créer des espaces où règnent harmonie et sérénité. « Ce qui compte le plus, c’est l’émotion que l’on ressent dans un jardin », dit-il. « J’adore concevoir des lieux esthétiquement beaux, je ne vais pas le nier. Mais au final, il faut surtout qu’on s’y sente bien ». Luciano ajoute, sans prétention : « On me dit souvent que mes jardins sont apaisants, mais c’est surtout parce que j’écoute la nature sans chercher à la dominer. Elle nous apprend l’humilité, elle nous force à mettre notre ego de côté ».
Voilà toute la philosophie de Giubbilei : un esthète au service de la nature, et non l’inverse.
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« J’aime être à l’écoute des jardins sans m’imposer »
Après avoir parcouru le monde, Luciano Giubbilei a posé ses valises à Majorque, tombant sous le charme de cette île méditerranéenne. Il y a fait l’acquisition d’une propriété sobrement baptisée Potter’s House, ancienne demeure et atelier de la céramiste Maria Antònia Carrió, située à Son Servera. Ce lieu deviendra bientôt une résidence artistique, mais pour Luciano, c’est aussi l’occasion de découvrir le plaisir de jardiner dans son propre coin de paradis. « Je prends goût à m’occuper de mon propre jardin », confie-t-il.
Fidèle à son engagement pour la nature et la communauté, il a également mis en place un projet unique à quelques minutes du village, baptisé The Field. Ce vaste espace est ouvert à tous, un lieu où la culture des plantes se mêle à l’idée de partage. « Mon objectif, c’est de montrer que la terre ici ne sert pas juste à cultiver de la salade et des tomates », explique-t-il. Un projet qui va bien au-delà du simple jardinage, une vision de la nature qui nourrit les corps, mais aussi les esprits !
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