Jean-Luc Petitrenaud

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Jean-Luc Petitrenaud
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Il avait cette gouaille bien à lui, cette façon de parler de cuisine comme d’autres parlent de poésie. Jean-Luc Petitrenaud, critique gastronomique et amoureux du terroir français, s’est éteint le 10 janvier 2025 à l’âge de 74 ans, laissant derrière lui une carrière marquée par la passion, la gourmandise et une insatiable curiosité. Celui qui arpentait les marchés et les restaurants avec un œil brillant et une verve inégalable restera à jamais une voix majeure du patrimoine culinaire français. Portrait !

De Clermont-Ferrand aux grandes tables 

Né le 5 décembre 1950 à Clermont-Ferrand, Jean-Luc Petitrenaud n’était pas, à proprement parler, un enfant modèle. L’école ? Très peu pour lui. Renvoi en troisième, CAP de soudeur et chaudronnier imposé par son père… autant dire que son parcours scolaire ressemblait plus à un menu déséquilibré qu’à un plat étoilé. Mais au fond de lui, une flamme brûlait déjà : celle de la scène et de l’expression. Il décroche un diplôme d’éducateur en théâtre, passe par l’Ecole du Cirque, puis atterrit finalement derrière un micro.

Dans les années 80, il se fait un nom sur France Bleu Pays d’Auvergne, où il s’exerce à l’art du portrait radiophonique. Ce sont d’abord des figures féminines qu’il met en avant, avant de s’orienter définitivement vers ce qui deviendra sa marque de fabrique : la gastronomie. Un virage qui va le mener très loin…

Le critique itinérant et la consécration télévisuelle

Après un passage en Suisse, où il chronique pour Radio France et Radio Suisse Romande, Jean-Luc Petitrenaud revient en France et enchaîne les collaborations avec les médias qui comptent. L’Express, Europe 1, Sud Radio… il pose ses mots là où il le peut, mais c’est la télévision qui va faire de lui un visage incontournable. Il anime Grands Gourmands sur France 3, mais c’est surtout avec Carte Postale Gourmande et Les Escapades de Petitrenaud sur France 5 qu’il devient une référence. Pendant des années, il sillonne la France, part à la rencontre des artisans, des chefs, des producteurs, racontant leurs histoires avec un enthousiasme communicatif. Jean-Luc Petitrenaud, c’était le goût du produit avant tout, une authenticité qui tranchait avec l’uniformisation croissante de la cuisine.

Mais en juillet 2017, coup de théâtre : il annonce qu’il met sa carrière entre parenthèses pour prendre du recul. Fatigue ? Lassitude ? Le mystère reste entier. Ce que l’on sait, c’est que derrière l’image de bon vivant et de conteur passionné, Jean-Luc Petitrenaud était aussi un homme éprouvé par les excès d’un métier où le plaisir du palais peut vite devenir un piège.

Une vie de plaisirs et d’excès

Car manger et boire, c’est bien, mais encore faut-il savoir lever le pied. Et ça, Jean-Luc Petitrenaud n’en avait pas vraiment envie. Comme l’a révélé son ami Bernard Mabille dans l’émission Chez Jordan, le critique gastronomique a profité de la vie comme peu savent le faire. « Quand tu te balades avec un critique gastronomique, tu n’entends que le bruit des tire-bouchons », confie-t-il. Et forcément, à force d’être choyé, servi comme un prince et abreuvé des meilleurs crus, le corps finit par dire stop. Victime d’une crise cardiaque, M. Petitrenaud s’est éteint après une vie à 100 à l’heure, entouré des siens.

Son décès a été annoncé par ses enfants, Louise et Antonin, qui ont tenu à remercier tous ceux qui l’ont aimé. Sa fille, particulièrement émue, lui a rendu un hommage bouleversant sur Instagram : « Grandir avec un père qui vous répète tous les jours ‘Elle est pas belle la vie ?!’ est la chose la plus extraordinaire du monde ».

Le monde de la gastronomie en deuil

Sa disparition a laissé un vide immense dans le paysage culinaire. Chefs, journalistes, artisans… tous ont tenu à saluer sa mémoire. Parmi eux, le président du Marché de Rungis, lieu que Jean-Luc Petitrenaud chérissait particulièrement. « Jean-Luc était un ami fidèle du Marché de Rungis. Il aimait particulièrement déambuler dans nos allées aux premières lueurs du jour, à la rencontre de nos producteurs et artisans », a-t-il écrit sur Instagram.

Avec son départ, c’est une certaine idée de la cuisine qui s’en va. Une cuisine de proximité, de sincérité, où l’on prend le temps de parler d’un produit, d’un homme, d’une histoire. Un style qui se perd dans un monde où tout va toujours plus vite. Mais une chose est sûre, Jean-Luc Petitrenaud n’aurait pas voulu que l’on soit tristes trop longtemps.

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