« Le savoir est la seule richesse que l’on puisse avoir », c’est ce qu’on voit s’afficher en premier sur le site officiel d’Idriss J. Aberkane. D’entrée, le triple doctorant fait fort ! Omniprésent sur la toile, invité régulièrement sur les plateaux télé, objet de toutes les polémiques, Idriss Aberkane ne laisse personne indifférent, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais qui est-il vraiment ? Est-il aussi brillant que ses nombreux fans pensent ou avons-nous simplement affaire à un énième polémiste ? Eléments de réponse !
Idriss J. Aberkane : portrait express
Né en 1986 à Pithiviers, Idriss Aberkane est titulaire de 3 doctorats : en littérature comparée, en diplomatie et relations internationales, et en neurosciences. Autoproclamé grand passionné de savoir et surtout de sa transmission, le jeune homme est un précoce : à seulement 21 ans, il était Visiting Scholar de la très prestigieuse Université de Stanford aux Etats-Unis. En outre, l’un de ses trois doctorats a été obtenu à 29 ans à la non moins prestigieuse école polytechnique.
Président de la Fondation Bioniria (Fondation Suisse pour la Bioinspiration), président de General Bionics SA, président de Chréage SA et fondateur de l’opérateur de microcrédit à taux zéro Eirin International au Sénégal, l’homme est aussi un entrepreneur en série. Mais Idriss Aberkane s’est surtout fait un nom en tant que conférencier et orateur. A son crédit : plus de 600 conférences aux quatre coins du monde, en trois langues. Il a aussi écrit un best-seller international en 2016, intitulé « Libérez votre Cerveau », un ouvrage traduit en néerlandais, grec, russe, italien, espagnol, hongrois, coréen, japonais et chinois, rien que ça !
Idriss Aberkane se définit comme un expert pluridisciplinaire, passionné d’économie, de géopolitique, de bio-mimétisme et d’intelligence artificielle. C’est aussi un pédagogue accompli, qui a su captiver les audiences lors de ses conférences internationales. Fatalement, un homme qui se définit comme un « hyperdoctor » fera polémique. Idriss Aberkane ne fait pas exception, faisant régulièrement l’objet d’enquêtes journalistiques qui le présentent sous un nouvel angle… celui du mystificateur !
Idriss Aberkane : ce qu’en disent L’Express et Heidi.news
Avant d’étayer notre propos sur Idriss Aberkane, il nous a paru utile de présenter ce qu’en disent ses détracteurs, au premier rang desquels L’Express, qui lui a consacré un article au titre pour le moins évocateur : « Déboires financiers, CV surgonflé, complotisme… Idriss Aberkane, itinéraire d’un mystificateur ». Passage choisi :
« Il se présente comme un « hyperdoctor » détenteur de trois titres de doctorat, se proclame spécialiste en neurosciences, en biologie, en géopolitique, en informatique, en philosophie ou encore en développement personnel et s’essaie même au rap. Il assure sortir des plus grandes universités et jure avoir résolu l’une des plus épineuses conjectures mathématiques (celle de Syracuse). Il s’est aussi rêvé en Elon Musk français en lançant ses sociétés disruptives, et a, enfin, tutoyé les sommets des hit-parades littéraires avec l’ouvrage Libérez votre cerveau (Robert Laffont, 265 000 exemplaires vendus). Idriss Aberkane est une étoile montante repérée dans le firmament médiatique en 2016 […] Depuis, il a chuté de son piédestal. Son CV a été mis en cause, l’un de ses doctorats est suspecté de plagiat et la justice enquête sur ses sociétés suisses. »
Virulente, l’entrée en matière de l’article de L’Express consacré à Idriss Aberkane l’est certainement. Examinons toutefois les arguments de la rédaction… L’Express a construit son billet en 5 actes, représentant autant de zones d’ombre qui flottent autour de l’ « hyperdoctor ». Pêle-mêle, Idriss Aberkane fait l’objet d’une enquête pour soupçons de plagiat concernant l’une de ses thèses, L’Express décrit ses années d’études de « tumultueuses » (accusation saugrenue !), l’accuse de « mystification scientifique », rapporte de supposés « déboires entrepreneuriaux », et clôture en beauté en l’accusant d’avoir basculé dans le complotisme.
Heidi.news n’y va pas avec le dos de la cuillère non plus. Dans un article datant de novembre 2022, la publication qui se veut être le porte-drapeau du « journalisme de précision qui répond à vos questions » rapporte les reproches diffusés par L’Express, notamment le fait que plusieurs spécialistes jugent ses travaux « bidons » et sans intérêt scientifique. Heidi.news a toutefois pu interviewer l’intéressé, suite à une conférence qu’il a donnée à Lausanne.
Petit rappel des faits : fin 2020, Idriss Aberkane est sous enquête pour gestion déloyale en Suisse, suite à la faillite de General Bionics, société créée en 2018 dans le canton de Neuchâtel. A son tour, il dépose plainte contre « les personnes qui ont initialement déposé plainte contre moi », révèle-t-il. Il explique par ailleurs à Heidi.news : « La plainte officielle contre moi était infondée et a été classée en trois mois. Mais cette première plainte bidon était embarrassante pour le ministère public car elle impliquait directement un informateur du ministère public et s’inscrivait dans un contexte de chantage manifeste ».
Les journalistes de l’Express visés par les fans d’Idriss Aberkane ?
C’est en tout ce qu’avance la publication. Dans l’acte 5 de son article, intitulé « basculement complotiste », L’Express avance que depuis que les médias mainstream lui ont tourné le dos, Idriss Aberkane se serait réfugié dans le complotisme « hardcore », notamment sur les réseaux sociaux : « La communication d’Idriss Aberkane se fait plus virulente. Il n’hésite plus à diriger ses hordes de fans contre ses détracteurs ». L’accusation est lancée.
Dans le détail, L’Express dit avoir interrogé Idriss Aberkane sur ses formations « prétendument basées sur les neurosciences, ce que les spécialistes réfutent ». Ce dernier aurait enregistré ladite interview et diffusé à l’insu de L’Express sur France Soir, tout en prenant le soin d’en faire la publicité auprès de ses fans pendant plusieurs jours. Toujours selon la publication, le partage de la vidéo concernée par Didier Raoult aurait donné lieu à des invectives, des insultes, et une promesse d’un « procès de Nuremberg 2.0 », ou d’une « bonne rafale dans la gueule » pour les journalistes de L’Express. C’est en tout cas ce qu’avance L’Express.
Mais en faisant une fixation sur Idriss Aberkane, que certains n’hésiteront pas à assimiler à un harcèlement, L’Express n’utiliserait-il pas les mêmes techniques qu’il lui reproche ? La question a le mérite d’être posée…