Elle est chaleureuse, avec des yeux laser et un sourire dévastateur. Son humour et sa gentillesse feraient presque oublier sa beauté ! Elle s’appelle Sand Van Roy et la rencontrer est une chance.
Grâce à elle, j’ai compris pourquoi certaines actrices sont comparées à des étoiles… Uniques, scintillantes, fortes et délicates, accrochées entre deux mondes… Impossibles à éviter ! Le premier contact m’a laissé au bord de la cécité. Quelques superlatifs me sont venus aux lèvres et j’ai vraiment eu la sensation d’assister à la naissance d’une étoile. La simplicité de l’échange et l’intérêt de la conversation m’ont permis de voir « autrement » cette femme au talent inédit, qui est, à mon avis, une révélation pour le cinéma. On pourra découvrir Sand dans le dernier opus des « TAXIS » (Taxi 5) et je prends le pari que, pour elle, le voyage n’est pas près de se terminer… En attendant elle partage avec nous quelques informations sur son parcours et ses projets : Action !
Taxi 5 ! l’acteur réalisateur Franck Gastambide a relancé la saga Taxi. Tu étais entourée d’un superbe casting, racontes-nous cette aventure incroyable.
Sand Van Roy :
C’était une expérience inoubliable de faire partie du casting de Taxi 5.
Je jouais « Sandy » la petite amie d’Eddy Maklouf (Malik Benthala). L’histoire entre Eddy et Sandy est une véritable histoire d’amour, malgré leurs différences culturelles et physiques.
La scène du striptease était la plus drôle à tourner. Malik a sûrement été pôle-danseuse dans une vie antérieure.
Un démarrage de carrière d’actrice aussi prometteur n’a pas dû se faire sans travail et compromis. Parles-nous de ton enfance à Maastricht et de tes débuts de danseuse classique.
Sand Van Roy :
J’ai grandi avec mon frère et mes deux parents à Maastricht, au Pays-Bas. Mes parents étant médecins, je viens d’un milieu qui n’a rien à voir avec le milieu du cinéma. Pourtant depuis toute petite, je jouais des personnages et j’avais l’envie de créer.
Mes parents ne s’y attendaient pas, ils ne savaient pas tout de suite comment canaliser ce côté artistique. Ils ont eu l’idée de m’inscrire dans une école de danse classique.
Ta famille s’est ensuite installée en Belgique, ou tu as passé une enfance heureuse. Par contre, anecdote incroyable, tes parents ont refusés que tu entres au Royal Ballet Academy alors que tu y étais admise, pour que tes études ne passent pas au second plan …
Sand Van Roy :
Quand on est parti en Belgique, j’ai commencé à prendre des cours de danse classique au quotidien. Quand les autres enfants avaient des enfances « normales », je passais ma vie en écoutant de la musique classique et en apprenant des chorégraphies compliquées. Mes parents m’ont toujours soutenu. La danse classique permet d’acquérir la rigueur et la discipline tout en restant créative. Par contre, quand j’étais accepté dans l’académie royale de Belgique et l’académie royale des Pays-Bas, ils ont refusé. Ce n’était techniquement pas possible de faire des études scolaires de haut niveau en même temps que l’académie. Ils ont estimé que c’était dommage d’exclure les études supérieures. Comme j’avais de bonnes notes à l’école leur priorité n’était pas la danse. J’étais très déçue à l’époque mais aujourd’hui je les remercie.
Malgré un parcours plus que réussi en tant que mannequin : Lagerfeld, Versace… tu as toujours continué à prendre des cours de comédie, de chant et de danse…
Sand Van Roy :
J’ai commencé les cours de comédie quand mes parents ont refusé l’Académie Royale. Ma mère estimait qu’il n’y avait pas que la danse classique comme moyen de m’exprimer artistiquement. Elle avait vu juste. Je prenais aussi des cours de piano en parallèle de la danse classique. Ça me plaisait. Alors j’ai commencé des cours de chant, des cours de « streetdance » et de comédie. Accompagnée d’une prof de comédie, j’apprenais des scénarios entiers en anglais, par cœur. La danse classique devenait de moins en moins important.
Peux-tu nous parler de la Popacademy ?
Sand Van Roy :
Je passais mon été à la Popacademy en Belgique. C’était une école qui apprenait différentes formes de danse, de chant et de comédie. A la fin, il y avait un spectacle.
C’était une époque importante où je me suis rendue compte que je voulais devenir comédienne. C’est ce qui m’intéressait le plus. C’est venu naturellement.
2012, année charnière dans ta carrière d’actrice : Premier pas sur les planches à New York pour du Stand Up !
Sand Van Roy :
Tom Rhodes, un humoriste connu aux Etats-Unis, jouait son spectacle à Paris pendant l’été 2012. Je suis allée le voir sur scène et j’ai eu l’occasion de parler avec lui. J’ai tester quelques vannes sur lui et il m’a encouragé à faire du stand-up. Il m’a mis en contact avec Sebastian Marx, l’humoriste qui a amené le stand-up en anglais en France, et deux semaines après je montais sur scène au « New York Comedy Night ».
Racontes-nous l’histoire de la vidéo « OLGA », qui a créé un véritable buzz, mais qui surtout, t’a mis sur le chemin de Lorenzo Benedetti. (Actuellement directeur général de Studio Bagel)
Sand Van Roy :
Pendant ma carrière de mannequin, j’étais souvent obligée de vivre en colocation avec des filles de l’est. Olga est basée sur les stéréotypes des mannequins russes vénales.
J’ai créé Olga pendant une improvisation dans les Tuileries, filmé par un ami. Quand je l’ai posté sur YouTube, ça a fait le buzz. Il y avait même des articles dans la presse : « Russe de 19 ans veut épouser vieux de 68 ans ». J’étais très surprise que les gens y ont cru. Quand Lorenzo Benedetti m’a contacté il s’attendait à une Russe un peu simple d’esprit. Quand il a compris que c’était un personnage rien à voir avec ma vraie personnalité, il a voulu me rencontrer. J’ai expliqué mon parcours de stand up et montrer quelques sketchs. Le timing était parfait : Lorenzo montait une chaîne « comédie » en anglais. Il m’a embauché comme scénariste et actrice. Cette chaîne s’est transformé de « Funny Bones » en « What‘s up France ».
Ta carrière d’actrice a donc réellement commencé avec la chaine « comédie » ? Mais pas seulement je crois ? Tu as écrit et produit aussi ?
Sand Van Roy :
J’avais écrit et produit des sketchs que j’ai tourné avec l’aide de mes collègues humoristes. En temps qu’humoriste, j’ai toujours écrit mes propres « vannes » alors j’avais une petite base de scénariste. J’ai développé mon talent d’auteur quand je travaillais pour Lorenzo Benedetti. Mais les sketchs produit par Lorenzo m’ont surtout aidé à être remarquée par un agent de cinéma. Cet agent m’a envoyé au casting de Valérian et c’est comme ça que j’ai commencé à faire du cinéma.
Tu suis depuis des années les formations de Jack-Walters, lui-même ayant été formé par Sanford Meisner.
Ce professeur a coaché Dustin Hoffman, Roman Polanski, Sigourney Weaver, parles-nous de la technique de ce coach incontournable dans la profession.
Sand Van Roy :
Jack Waltzer apprend une technique qui rend l’acteur/l’actrice autonome. On travaille sur “sens memory”, “la mémoire sensorielle”. Ce qui nous permet de se mettre dans une situation imaginaire et la vivre comme si elle était réelle. Ce qui peut être douloureux quand on tape dans les traumatismes d’enfance. On fait aussi ce qui s’appelle “des exercices de répétition”. On apprend à réagir, suivre les impulsions, sans réfléchir. Ce qui permet de devenir imprévisible comme les meilleurs des acteurs (Marlon Brando par exemple).
Avant de continuer à parler de cinéma, j’ai vu dans ton CV que tu avais fait la première partie de Gad Elmaleh et de Mathieu Madénian (entre autre) ?
J’ai commencé à jouer dans des café-théâtre à Paris. Je jouais en anglais. Ensuite Joe Eagan, un humoriste canadien, a proposé de m’emmener en tournée pour faire plusieurs spectacles en Belgique, aux Pays-Bas et dans les pays Scandinaves. En 2013, j’ai rencontré Gad Elmaleh à New York. J’y jouais au Comic Strip. Les gens riaient. C’était cool. Comme je faisais un style rare “les Oneliners” (Mitch Hedberg, Steven Wright) ça sortait de l’ordinaire. Une semaine après, j’ai fait sa première partie au “Comedy Cellar”.
Gad m’a encouragé de jouer en français. Il me conseillait de parler de ma vie de mannequin. J’ai fini par faire sa première partie à Paris. J’avais pris goût de jouer en français alors j’ai écrit un sketch de 8 minutes sans parler du mannequinat. Ça marchait très bien et c’est là qu’on m’a proposé la première partie de Mathieu Madenian. En 2015, j’ai aussi fait la première partie de Gad Elmaleh à Londres.
En 2015-2016, j’ai fait plusieurs spectacles avec Madénian à Angoulême, Toulouse, en Corse… C’était devant énormément de spectateurs, qui m’ont accueilli très chaleureusement. Ce n’est pas toujours le cas pour les premières parties. Les gens sont là pour voir leur idole, non pour applaudir une belgo-hollandaise qu’ils ne connaissent pas.
Ensuite, j’ai fait la première partie de Sébastian Marx (2015) et de Tom Rhodes (2016) . C’est très important de les mentionner comme c’est les deux personnes qui m’ont permis de commencer le stand up. Sans eux je ne serai peut-être jamais montée sur scène.
Incroyable, tu as refusé le premier rôle dans la série « VIRGIN » la comédie produite par BLACKPILLS !
Sand Van Roy :
Oui, l’actrice principale était obligée de faire des scènes dénudées, on voyait presque tout. Il y avait aussi des scènes “d’amour” très explicite. Je n’étais pas à l’aise de jouer un tel rôle, même si c’était une comédie c’était trop osé. La directrice de casting et le réalisateur ont vite compris ma crainte.
Du coup on m’a proposé un rôle secondaire : Kira. Une prof de yoga qui boit des jus verts « ignobles », une fille lunaire. Je n’avais pas à montrer mes seins et j’avais quand même un personnage cool à défendre.
D’ailleurs, le rôle principal est joué par Georgina Leeming qui a fait un excellent boulot d’actrice.
Après Taxi 5, tu as eu envie de changer de registre et de te diriger vers des rôles plus profonds et plus exigeants ; d’où ton choix d’accepter de tourner dans la série « GENIUS PICASSO » dirigée par Ken Biller. Ça fait quoi de se retrouver face à Antonio Banderas ?
Sand Van Roy :
C’était magique ! C’est un honneur de jouer en face d’un acteur aussi doué. Il était pro et sympathique. Il faisait rire tout le monde entre deux prises. C’est un homme remarquable. En plus, j’ai adoré ce changement de registre. Je jouais une actrice qui à réellement exister : Florelle. Quand on joue des personnages non-fictif on est obligé d’étudier leur biographie, copier leurs mouvements, leur accent… C’est tout un autre travail. J’ai adoré.
L’avenir de Sand ? As-tu des rêves, des envies précises pour les mois à venir ?
Sand Van Roy :
J’ai envie d’écrire du stand-up et de remonter sur les planches. J’ai prévu une mini-tournée de stand up dans les pays nordiques. Sinon par rapport au cinéma : 2019 sera une belle année pleine d’opportunités aux Etats-Unis. Il y a mon manager américain qui m’attend là-bas. Je ne peux pas vous en dire plus mais je vous promets que vous allez me voir sur le grand écran bientôt.
Merci.